Le journal La Plage des Sables-d'Olonne

Entre 1848 et 1944, à l'image du reste de la France, la presse vendéenne connaît un véritable âge d'or puisque l'on recense 95 journaux dans le département durant cette période. Preuve de cet incroyable essor, la presse sablaise ne compte alors pas moins de 14 titres, dont le plus emblématique reste bien entendu Le Sablais, fondé en 1851 par Jules Lambert, hebdomadaire qui perdure aujourd'hui sous le titre Journal des Sables. D'autres journaux sablais d'informations et d'opinions diverses coexistent également à cette époque, comme La Vendée Républicaine (1886-1944) ou l'Étoile de la Vendée (1886-1944).
 
À l'instar d'éditions quotidiennes et hebdomadaires, nombre de titres éphémères éclosent régulièrement, comme Le Petit Littoral (1884-1885), Le Réveil de la Vendée (1884-1886), Les Sables-d'Olonne Journal des Baigneurs, Bains de Mer des Sables-d'Olonne, La Gazette des Sables-d'Olonne (1894-1895), Le Remblai (1897-1914), Le Balai (vers 1927-1928), L'Écho de la Plage (vers 1933-1935), La Tribune Sablaise et La Dépêche Sablaise (vers 1937-1940). Parmi ces titres de presse, le journal de La Plage est une figure de ce paysage journalistique foisonnant.
 
Créé par Édouard Mayeux (1846-1917), il est dirigé par ce dernier jusqu'en août 1914. Éditeur, libraire et publicitaire sablais installé au 6 rue Bisson, on lui doit notamment de très nombreux guides touristiques mais surtout les magnifiques affiches des chemins de fer qui ont fait la renommée des Sables. Après une large interruption du fait de la Première Guerre mondiale et du décès d'Édouard Mayeux, le journal est repris en 1923 par Tranquille Doré, le directeur du Journal des Sables, avant de s'interrompre définitivement l'année suivante.

La plage des Sables-d'Olonne est un bi-hebdomadaire ou tri-hebdomadaire de 4 pages qui parait exclusivement de juillet à mi-septembre, soit en moyenne 25 à 30 numéros chaque été. Le 1er numéro date du samedi 1er juillet 1876, jour emblématique de l'inauguration du Grand Casino des Sables, construit sous la direction de Gustave Eiffel. Dès cet instant, le journal se fait chaque été le chantre de la station balnéaire sablaise. La ligne éditoriale est des plus simples, d'ailleurs voici comment le journal se décrit lui-même :

« À tous, Étrangers et Sablais, présents et à venir, Salut !

Je suis la Plage, fille de la plage que caresse avec amour les flots bleus du vieil Océan. Programme de vos fêtes, compte rendu de vos plaisirs et de vos travaux, écho de vos joies ou de vos tristesses, interprète de vos désirs, de vos souhaits, je reviens, fidèle au rendez-vous annuel, vous distraire, vous être utile. Indépendante, ne servant aucune coterie ou aucun intérêt personnel, je laisse à d'autres les discussions de la politique, les longs articles, toutes les digressions ennuyeuses ou inopportunes, la prétention et l'ambition.

C'est la Trève des Baigneurs. »

 

Au cours de son histoire, le journal change plusieurs fois de titres et de manchettes, avant de devenir définitivement, en 1894, La Plage - Liste des Étrangers.

Le journal La Plage présente donc un intérêt primordial pour appréhender l'éclosion et le développement du tourisme balnéaire aux Sables-d'Olonne. Les chroniques du journal se font l'écho de toutes les animations et festivités sablaises, notamment les programmes des casinos, concerts, théâtres, mais aussi les courses de chevaux sur la plage, les régates ou les réceptions de l'Escadre du Nord, etc.

Cette presse originale comporte en outre sa fameuse « Liste des Étrangers », qui est le recensement exhaustif des personnes venant alors en villégiature aux Sables-d'Olonne. C'est en sorte le « Who's Who sablais » de la Belle Époque. Parmi les personnalités célèbres, on peut noter la venue du compositeur Saint-Saëns en 1911, mais également celles de Jules Renard ou de Gaston Leroux. Ces listes permettent également de constater le succès croissant de la station balnéaire des Sables-d'Olonne, comme en témoigne la comptabilité de la fréquentation touristique : 4 500 personnes en 1887 contre 15 300 en 1924 !

Le journal fait aussi la part belle aux publicités et réclames des commerçants sablais, qui financent ainsi en grande partie le journal.

Les Archives municipales des Sables-d'Olonne ont fait numériser cette presse originale et inédite afin qu'elle soit désormais consultable en ligne. Cette démarche s'inscrit dans un projet national de numérisation et de mise en ligne de la presse écrite française sous l'égide du Ministère de la Culture et du DREST. La numérisation du journal La Plage - Liste officielle des Étrangers a pu être réalisée grâce à une subvention de la DRAC des Pays-de-la-Loire.

Ce projet a été également rendu possible grâce à un très bel exemple de partenariat entre les Archives municipales des Sables-d'Olonne, la Médiathèque Benjamin Rabier de la Roche-sur-Yon Agglomération, la direction du Journal des Sables et la société d'histoire locale Olona, ceci afin de proposer la collection la plus complète possible aux lecteurs.

Débuts de l'imprimerie et de la presse locale aux Sables

L'installation d'une imprimerie aux Sables-d'Olonne semble remonter à l'année 1724, avec un dénommé Blanchet, comme l'indique la délibération du Conseil municipal en date du 29 mars 1790. Puis en 1766, un certain Achard fonde une seconde imprimerie située à l'angle de la rue des Halles et de la place du Commerce. En 1793, Achard va créer le Journal des Sables, organe des amis de la Constitution mais la parution ne dure que six mois.
Entretemps, le citoyen Jacques Ferré obtient de la municipalité l'autorisation de prendre le titre d'imprimeur de la ville en mars 1790. Son imprimerie est située rue du Centre jusqu'à son départ pour La Roche-sur-Yon. Vers 1830, elle est rachetée par la famille Lambert.