Le tramway électrique du Remblai (1898-1925)

La ville des Sables-d'Olonne, qui possède la plus grande et la plus belle plage de l'Océan [...] a adopté en principe l'établissement d'un tramway à traction électrique.

C'est en ces termes que le Conseil municipal a voté en 1897 la modernisation des moyens de transports urbains sablais, en lien avec le développement spectaculaire de notre station balnéaire. C'est donc à la fin du XIXe siècle, sous la municipalité de Fernand Gautret (1896-1901) que le tramway du Remblai est mis en place, afin de relier le coeur de la Ville et les nouveaux quartiers situés à l'Est.

Les débuts du tramway

La sous-concession du tramway est confiée à Michel Gaillot, ancien concessionnaire des tramways de l'Exposition Universelle de Paris de 1889. Une usine électrique est également construite dans le quartier des Présidents, à l'emplacement de l'actuelle CPAM rue Félix Faure, afin d'alimenter le tramway en électricité.

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Équipe du tramway du Remblai, © AMLS, fonds Photographies, 100 Fi 531

 

La mise en service officielle du tramway a lieu le dimanche 14 août 1898 : « Nous sommes heureux de pouvoir annoncer à nos lecteurs et aux nombreux baigneurs qui se rendent chaque après-midi au Casino des Pins que le tramway électrique qui, comme on le sait, doit faire le service entre le Casino et la forêt de la Rudelière, fonctionnera demain dimanche 14 août, pour la première fois [...]. Nous avons pu nous rendre compte par nous même que ces voitures, très coquettes à l'extérieur, étaient également des plus confortables intérieurement [...] », lit-on dans le Journal des Sables.

Le succès auprès des habitants et des baigneurs est immédiat et le tramway s'intègre parfaitement dans le paysage et les habitudes sablaises. Cependant, un long contentieux avec M. Gaillot encourage la municipalité à reprendre en 1905 la gestion du tramway municipal et en confier la régie à Émile Maraud.

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© AMLS, fonds Léo Leboucher, 44 Fi 07

La ligne suit un trajet allant de la gare jusqu'à la Rudelière, en passant par la poissonnerie, le port, le Grand Casino de la Plage, le Remblai, la forêt, le Casino des Pins. Elle se prolonge jusqu'à Tanchet et le lavoir du Courseau après 1900. Il en coûte 20 centimes pour le billet et le tramway peut s'arrêter en cours de route - n'importe où - à la demande des voyageurs. Il fonctionne essentiellement pendant la saison des bains, mais également les jours de fêtes, comme pour Mardi Gras en 1899, transportant à cette occasion plus de 2 000 personnes.

Le déclin du tramway

Des accidents plus ou moins graves sont assez fréquents. Le plus tragique, dû à une panne de freins dans la descente de la Rudelière le 10 juillet 1902, entraîne le décès d'une jeune femme de 22 ans et provoque de très graves blessures à sept autres personnes. Le tramway fait aussi l'objet de nombreuses critiques acerbes des usagers, raillant surtout sa lenteur : « le malheureux véhicule dénommé tramway roule à une allure exaspérante de lenteur... après de nombreux arrêts... le véhicule mit 50 minutes pour faire 3 km... ».

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© AMLS, fonds cartes postales en noir et blanc, 11 Fi 696

Après une interruption pendant la Première Guerre mondiale, le tramway municipal reprend son activité de 1919 à 1925, avant de s'arrêter définitivement le 13 septembre 1925. Jusqu'à cette date, le matériel roulant se compose de neuf voitures fermées ou à claires-voies, allant jusqu'à 80 places, et de quatre remorques de 30 places chacune. La vitesse maximum autorisée est de 20 km/h.
Il est remplacé en 1926 par le service municipal d'autobus de M. Barabas, directeur du Casino des Pins. Cette même année, tout le matériel usagé, tramways et usine, est vendu à M. Gouyette, négociant aux Sables.